Fondée au Moyen-Âge aux confins orientaux du comté de Toulouse, Lunel se situe au carrefour du marché intérieur du sel en provenance des salines du Languedoc. Les barques (ou caupols) assurant le trafic sur les canaux, arrivent aux cabanes du sel (le Mas Desports actuel), soit l'ancien port de la baronnie de Lunel au sud de la ville. De là, le sel part par la route. Bien que les voies d'eau soient privilégiées, car la navigation est plus sécurisante et moins onéreuse, la mise en place par la voie fluviale (le « grand tirage du Rhône ») n’intéresse pas les Languedociens. En effet, leur chemin, de grenier en grenier, raccorde directement Pont-Saint-Esprit par l’intérieur du territoire.
Les barons de Lunel, propriétaires de marais et de pêcheries, mettent en place des taxes (ou leudes) sur le sel ainsi que des péages sur les marchandises.
Suite au traité de Paris de 1229, l’administration française arrive sur le comté de Toulouse et Lunel s'allie à la famille royale, engagée dans la construction d’Aigues-Mortes. Philippe le Bel acquiert les salins de Peccais et s'empare de la baronnie de Lunel en 1295.
Photo ancienne de Lunel et prix des produits vendus aux halles | Compoix de Lunel - Propriétaires de greniers à sel |
La gabelle sera l'impôt bâtisseur des fortunes de l'Ancien Régime et de la France. Ainsi, le contrôle du marché du sel en Petite Camargue révèle un enjeu stratégique majeur en lien avec les ventes de salaisons et le grand commerce de produits locaux. Le sel passant par Lunel est exempt de la gabelle jusqu'en 1411, entrant en concurrence avec le sel provençal, sur lequel a été appliquée cette taxe. De ce fait, la fraude ne tarde pas à s'instaurer dans la région, impliquant parfois les visiteurs des gabelles.
Possédant quatre greniers, Lunel connaît des ennuis en 1655 pour avoir molesté les contrôleurs financiers des gabelles. Soucieux de leur avenir, les habitants de Lunel réclament la confirmation de leurs privilèges dans la gestion du sel. La robine (ou canal) est prolongée mais il faudra attendre le début du
XVIIIe siècle pour voir le port en eau au centre de Lunel. Durant 500 ans, les consuls de Lunel veillèrent à ne jamais déroger aux privilèges du sel, obtenus en s'opposant systématiquement à tout ce qui pouvait les mettre en péril.