Les créateurs contemporains du papier décoré

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Le musée Médard a donné carte blanche à douze créateurs de papiers décorés afin de composer une galerie artistique au coeur de l'exposition Feuilles et merveilles. Une seule consigne leur a été donnée : créer un diptyque représentatif de leurs réalisations avec variation de teintes et de motifs, au format raisin (50 x 65 cm).

 


Marie-Anne HAMAIDE (Grosrouvre, Yvelines) / papier marbré
Après un diplôme en arts plastiques, Marie-Anne Hamaide découvre l'art de la marbrure en 1984. Afin de mieux comprendre la technique, elle teste de nombreux produits et fabrique ses peignes.
Au fil du temps, ses expérimentations deviennent plus précises et lui permettent d'élaborer des motifs peignés classiques et des cailloutés ainsi que des dessins modernes dans des coloris toujours originaux. Son diptyque est inspiré d'une commande par un magasin de papiers au Japon, Kamino Onda à Nagoya. M.-A. Hamaide a décliné les couleurs de la nature aux quatre saisons dans les motifs des papiers marbrés occidentaux.

 

 

Brigitte CHARDOME (Court-Saint-Étienne, Belgique) / papier à la colle et papier à la thérébenthine
Passionnée par le papier décoré, Brigitte Chardome exerce depuis plus de 20 ans le métier de plasticienne du livre. D'abord autodidacte, elle a par la suite suivi des formations à l'atelier du Livre de Mariemont et aux ateliers du Vésinet.
Son diptyque est réalisé avec la technique traditionnelle du papier à la colle et la technique du papier à la térébenthine. B. Chardome innove par le choix des couleurs et des motifs. Ici, les feuilles sont coordonnées par la palette de couleurs mais se distinguent par leurs motifs.

 

 

Zeynep UYSAL (Raon-l'Étape, Vosges) / papier marbré
Zeynep Uysal se passionne pour l’art du papier marbré en 2004, quand elle rencontre son maître d’apprentissage à Izmir, en Turquie.
Début 2012, elle s’aventure dans l’artisanat d’art en ouvrant son atelier à Raon l’Étape Depuis, elle reproduit des papiers marbrés destinés à la restauration d’anciens livres et crée des compositions uniques inspirées par la tradition.
Le diptyque de Z. Uysal se distingue par sa recherche de forme et de couleurs. Le profil d'une femme (en partie supérieure) côtoie des motifs circulaires répétés.

 

 

Véronique LE BORGNE (Puy Laurens, Tarn) / papier à la colle
Exerçant pendant quelques années en tant que graphiste et coloriste, Véronique Le Borgne a souhaité retourner vers des activités créatrices plus manuelles. Grâce à l’atelier de Claude Delpierre, elle s'est intéressée à la marbrure, à son histoire et plus particulièrement à la technique dite du papier à la colle. En 2000, elle est parvenue à développer sa propre méthode. Elle propose des pièces uniques conçues à l’aide d’encres à base de pigments. Seules les couleurs primaires sont utilisées avoir des noirs plus profonds et des teintes foncées plus riches.

 

Anne LASSERRE (Trémolat, Dordogne) / papier marbré
Passionnée par la dominoterie et la marbrure, Anne Lasserre exerce en tant que formatrice mais elle est aussi créatrice de nouveaux modèles. Elle réalise également de la marbrure sur tranche, de la décoration intérieure, de la soie, des bougies, des oeufs, du cuir... tous marbrés !
Son diptyque, réalisé avec des pigments naturels, représente un motif qu'on retrouve dans les ouvrages anciens : l’oeil de chat.

 

Thomas BRAUN (Strasbourg, Bas-Rhin) / papier dominoté
Thomas Braun a repris en 2015 l'atelier que sa mère Claude avait créé dans les années 1980 pour répondre aux demandes des relieurs. Il propose une riche gamme de motifs et de couleurs et utilise des encres à l’huile qui nécessitent plusieurs jours, voire des semaines pour sécher.
Dans son diptyque, T. Braun utilise la technique du dominoté avec des variations positif/négatif sur un motif gravé en creux avec de la sanguine sur bois et de fines lignes sépia. L'impression est réalisée sur papier kraft.

 

 

Hervé DUGAS (Marseille, Bouches-du-Rhône) / papier à la colle
Hervé Dugas a suivi une formation en reliure en 2004 à Marseille. Intéressé par l'histoire des papiers décorés, c'est une démonstration de papier à la colle qui lui a donné l'envie de se lancer à son tour. Sans cesse en recherche, il mêle aujourd'hui différentes techniques afin de pouvoir présenter aussi bien des motifs anciens que modernes.
Le diptyque proposé est composé de deux papiers à la colle réalisés avec les accessoires courants de cette technique : peignes, cartons, fourchette.... Les effets de superpositions amènent une profondeur, le tout rehaussé par une finition à l'acrylique (bleu et argent, rouge et or).

 

Sylvie HOURNON (Foix, Ariège) / papier à la colle et suminagashi
Sylvie Hournon est marbreuse de papiers depuis un peu plus de 30 ans. La passion des livres et de la peinture l’ont menée à la découverte des papiers décorés. Autodidacte, elle s'est d’abord orientée sur l’apprentissage de la marbrure sur gomme. Parallèlement, elle a développé deux techniques complémentaires, les papiers à la colle et le suminagashi.
Pour son diptyque, S. Hournon a choisi un papier à la colle (partie supérieure) et un suminagashi en technique mixte (partie inférieure). Les deux papiers sont liés par la couleur rouge éclatante. Dans la peinture à la colle, le mouvement des couleurs attire le regard vers un centre énigmatique. Le suminagashi fait contraster lignes droites et courbes comme dans une toile d'araignée.

 

 

Baykul BARIS YILMAZ (Paris) / papier marbré
S'inscrivant dans la lignée des grands maîtres ottomans, Baykul Baris Yilmaz crée des papiers marbrés avec des pigments naturels et un bain d'algues marines. Il s'agit de la pratique de l'ebrû, l'art du papier marbré en Turquie, qui se transmet de façon orale dans une relation
privilégiée de maître à élève.
Le diptyque de Baris se compose de formes organiques éclatant sur la feuille dans une mystérieuse harmonie. Elles évoquent des mondes biologiques, peut-être astronomiques, à contempler avec émerveillement. Ce marbreur affirme : « Quand je projette les couleurs sur l'eau, mon geste est précis mais je laisse toujours une partie au hasard. Il faut accepter de ne pas tout contrôler. La poésie peut ainsi trouver sa place. Je pense que l'art de l'Occident accorde plus d'importance à la maîtrise et à la performance dans le processus de création. C'est une approche très différente. »

 

 

Marie-José FELGINES (Saint-Léonard-de-Noblat, Haute-Vienne) / papier marbré
En 1987, Marie-José Felgines répond à des commandes de restauration de la Bibliothèque nationale de France et c'est en 1990 qu'elle se lance dans la fabrication de marbrés. Elle décide alors de travailler sur les recettes anciennes des techniques traditionnelles.
Pour réaliser ce diptyque, M.-J. Felgines froisse le papier vierge. Plusieurs fois trempé dans un bac, ce même papier est mis à sécher. Le froissage se fait par répétition à l'équilibre du séchage. Il faut tourner la feuille et commencer le travail à différents endroits pour trouver une régularité impeccable. Pour ses couleurs, l'artiste utilise la technique traditionnelle des peintures ebrû, elle y ajoute les avantages de la peinture à tempera, et ne peut faire l'impasse de l'encre de Chine.

 

 

Katalin PERRY (Saint-Martin-la-Garenne, Yvelines) / papier marbré
Après une pratique tournée vers la peinture, l'artiste hongroise Katalin Perry s’intéresse à la technique de la marbrure se formant en autodidacte. Dès l'année 2000, elle vend ses papiers dans des ateliers de reliure, propose des stages et participe régulièrement à des salons. K. Perry aime sortir des codes bien connus de la marbrure pour partir à la recherche de nouveaux motifs. Marbrer plusieurs fois la même feuille, permet de jouer avec les superpositions, avec la profondeur, avec les nuances quasi illimitées, en donne ainsi l’occasion à l'artiste de s'exprimer à travers la marbrure. Ce diptyque, dit-elle, est né un jour de gaîté !

 

Marianne PETER (Naves, Corrèze) / papier marbré
Marianne Peter obtient son diplôme de communication visuelle en Belgique en 1982 et c'est au cours de ses études qu'elle se focalise sur la technique de la marbrure. Désireuse d’en découvrir plus, elle poursuit de façon autodidacte en collectant le maximum de données en bibliothèque et en expérimentant de manière intense. Dès 1984, elle propose aux relieurs et aux institutions les papiers qu'elle réalise, tout en partageant son métier à travers des stages. Elle réalise des papiers marbrés décorés à la main, des céramiques marbrées et des oeuvres murales.
Son diptyque est centré sur un travail autour de la répétition d'un rythme. Entre envolées musicales et mouvements d'ailes, ces compositions sont propices à la rêverie et à l'immersion.