Jean-Marie Granier : Traits aériens

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Jean-Marie GRANIER

La production de Jean-Marie Granier s’étend sur plus d’un demi-siècle. Des premiers travaux de 1946 aux ultimes créations de 2007, elle compte près de trois mille gravures au burin et à la pointe sèche, ainsi que plusieurs centaines de dessins.

Pour le projet En vol & en chant, le centre d'art Jean-Marie Granier et le musée Médard ont proposé une sélection suggestive d’oeuvres de l'artiste d'origine cévenole.

Jean-Marie Granier (1922-2007) a essentiellement consacré son travail au dessin et à la gravure, des années 1950 au début du XXIe siècle. Il a eu, d’autre part, une carrière de professeur de dessin et de gravure à l’École des Beaux-Arts de Nîmes puis à l’ENSBA de Paris. Membre de l’Institut de France, il finit sa carrière comme directeur du musée Marmottan-Monet. Originaire de Lasalle-en-Cévennes, les montagnes de son enfance ont été, tout au long de sa vie, un lieu de retour et d’inspiration.

 

Cévennes

 

Années 50
Après des études aux Beaux-Arts de Paris, où il rencontre José Dirat (sa future épouse), un séjour espagnol à la Casa de Velázquez de Madrid marque profondément sa démarche. Il y affirme une prédilection pour le noir et blanc et un sens du paysage que l’ossature des reliefs espagnols lui dictait.

Dans les années 1950, Jean-Marie Granier rencontre Pierre Menanteau (1895-1982). Ce poète, en poste comme inspecteur de l'Académie de Paris, se préoccupe de la qualité des ouvrages scolaires pour lesquels il travaille avec son collègue et ami Georges Bouquet. Éditeurs d'anthologies poétiques, ils s'adressent pour les illustrations à un jeune couple d'artistes à peine revenu d'Espagne : José et Jean-Marie Granier. Ainsi, voient le jour les deux tomes de Trésors de la Poésie française (1950 et 1952) aux éditions SUDEL.

Ensuite, suit la collaboration pour Le petit sou du samedi, livre de lecture destiné aux classes primaires. Menanteau y met en scène la vie quotidienne d'avant 1914, dans un village de Vendée, vue par les yeux du petit Jacques Poisbelaud, alter ego de l'écrivain. Si ce texte est très didactique, la poésie et l'imaginaire y trouvent toute leur place. Dans ce sens, les illustrateurs ont suivi un chemin similaire. Malgré la pauvreté de moyens mis à disposition par l'éditeur, avec un seul passage de couleur, le dessin est précis et évocateur à la fois. La fantaisie habite bien ces pages, à l'instar du regard malicieux suggéré souvent dans le texte.

 

Illustration de Jean-Marie Granier
dans Ah que la terre est belle

Portrait de Pierre Menanteau
par Jean-Marie Granier

 

Nîmes : années 60-80
Une installation à Nîmes éloigne l’artiste du milieu marchand parisien ; elle lui donne cependant toute liberté créatrice. Dessiner en extérieur occupe le temps libre, quand il n’enseigne pas le dessin académique. Un tournant stylistique s’amorce avec le travail sur la Camargue autour des années 1970. Le trait déjà épuré s’envole vers l’abstraction. Il ne s’agit pas de représenter le monde mais de saisir la dynamique interne des choses … ces fragments de réel dont le graveur veut se saisir. Dès lors, on comprend l’importance primordiale de la trace, de l’écriture… L’oeuvre évoluera toujours davantage, jusqu’aux dernières années de sa vie, vers une combinatoire des signes.

 

 

Suite à Topologie du Labyrinthe (1995-2003)

 

Topologie du Labyrinthe (1976)

 

 
 

Vue du musée durant l'exposition

 

Vue du musée durant l'exposition

 

 

Vue du musée durant l'exposition

 

Vue du musée durant l'exposition

 

 

Techniques utilisées

Jean-Marie Granier a surtout gravé en taille-douce (gravure en creux sur métal) utilisant deux techniques :

  • Burin : une planche de métal est gravée à l’aide du burin, tige d’acier de section carrée ou losangée, affûtée en biais et montée sur un pommeau de bois. Le graveur incise le métal, traçant un sillon dont les bords sont ensuite ébarbés. Le trait obtenu est aigu au tirage.
  • Pointe sèche : le graveur attaque la planche de métal avec une pointe fine tenue comme un crayon. Le sillon tracé laisse alors de fines barbes de métal qui vont accrocher l’encre donnant à ce procédé un trait plus velouté. Le nombre d’exemplaires est plus restreint du fait de la finesse des sillons qui s’écrasent à chaque passage sous la presse.
Jean-Marie Granier dans son atelier